Le Tigibus illustré : les mots comtois de Pergaud
Oui, le Tigibus était franc-comtois. Tout au moins son créateur, l’écrivain Louis Pergaud, était natif de Belmont. Et si le film d’Yves Robert a gommé cet aspect terroir, le livre La Guerre des Boutons est truffé d’expressions savoureuses du parler comtois.
Tigibus illustré : dictionnaire comtois de la Guerre des Boutons
assetotte (nf) : chaise, petite chaise
On fera des « assetottes » pour s’asseoir, des lits pour se coucher, des râteliers pour poser nos sabres
avarchots (nm pl) : bout de bois lancé dans un arbre pour en faire tomber les fruits
si on allait un peu lui caresser ses arbres à coups d’avarchots, pendant qu’il nous cherche à Chasalans !
beugner(v) : cogner – beugné (adj) : cogné
D’abord il est tout beugné d’avoir piqué des têtes dans les rigoles

cabe (nf) : chèvre
tu m’as l’air d’un marchand de cabes
catrignot (nm) : corbeille dans laquelle les femmes rangent différentes fournitures de mercerie
la manie de chiper des boutons dans le catrignot de sa mère
ceriser (v) : secouer comme un cerisier
Bon Dieu ! ce que je vais être cerisé en rentrant !
chari (nm) : cour couverte où stationnent les chariots avant leur déchargement, typique de la Franche-Comté
ils rôdaient par m’écurie, la grange, la cuisine, le chari
chenit (nm) : poussière ; chenits (nm pl) : amas de poussière
prononcez ch’ni
j’suis de balayage, je le foutrai derrière le mur de la cour en venant vider le chenit
cotainer (v) : bavarder inutilement, perdre son temps en bavardages
– Attends-moi, Grandgibus ! héla Boulot, ses livres et ses cahiers sous le bras.
– Grouille-toi, alors, j’ai pas le temps de cotainer, moi !
cotisse (nf) : col (de vêtement)
la chemise irrémédiablement bâillait à la cotisse
(s’) écampiller (v) : se disperser, battre en retraite – en français, prendre la poudre d’escampette
Surtout, ajouta-t-il, écampillez-vous, ne restez pas en bande
feuner (v) : fouiner
Que je t’y reprenne un peu, ajouta-t-il, à feuner dans les tiroirs de ta mère.
foyard (nm) : hêtre
Le foyard de Touegueule s’élevait là, à quelques pas du mur d’enceinte
gavouiller (v) : vocabulaire enfantin, jouer avec de l’eau, agiter de l’eau, patauger
sans prendre le temps de plonger sa main dans le grand bénitier de pierre où les camarades gavouillaient en passant
(nos) gens (nm pl) : mes parents
Mes habits du dimanche ? sursauta le prisonnier. J’veux pas, j’veux pas ! je l’dirai à nos gens.
gouilland (nm et adj) : ivrogne, très péjoratif
quels gouillands que ces cochons-là !
gouri (nm) : cochon
Tout juste des fainéants et des gouris !
houksser (v) : poursuivre
Je m’en vais les houksser ! kss ! kss ! attrape !
mentes (nf pl) : mensonges
C’est comme Camus dit, que c’est vrai, Bacaillé a dit des mentes
miguer (v) : regarder bizarrement, cligner des yeux
Et à m’sieu le curé ! ajouta Migue la Lune, épouvanté. (…) Et au maître, fit-il encore, miguant plus que jamais.
moutier (nm) : église
Enfin, ils parvinrent sur la place du moutier et ils s’avancèrent sous les cloches.
pantets (nm pl) : pans de chemise
I gn’a fallu tous vos pantets pour effacer ce que j’ai marqué à la porte de vot église !
peut (nm et adj) : personne qui ne vaut rien, par bêtise ou méchanceté – au féminin : une peute
qu’il aurait plus d’avantage à élever un veau qu’un peut merle comme toi !
racontottes (nf pl) : petites histoires destinées à être partagée à la veillée, notamment (dire des racontottes)
si on disait des racontottes ?
rebeuiller (v) : regarder bêtement, mais aussi perdre son temps en réflexions
il n’y a pas à rebeuiller plus longtemps, il n’y a qu’à se venger, na ! conclut Lebrac
regauper (v) : de « gaupé » (habillé), réajuster ses vêtements et sa tenue
Quand il fut tant bien que mal regaupé, jetant sur son accoutrement un coup d’oeil mélancolique et évaluant en lui-même la quantité de coups de pied au cul que lui vaudrait cette tenue…
ronsin (nm) : étalon, se retrouve aussi en Wallonie
Ce salaud-là pétait comme un ronsin !
taugner (v) : battre, rosser – taugnée (nf) : raclée (valable en sport également)
J’veux plus me faire taugner à la cambuse
tienze (adj num) : quinze, mais aussi « très nombreux »
tandis qu’eusses, ils étaient au moins tienze et qu’il nous auraient sûrement foutu la pile
traje (nm) : ruelle, et par extension raccourci
par la grande rue du village d’abord, puis par le traje des Cheminées rejoignant au gros Tilleul la route de Velrans
turquit (nm) : maïs
Sur la paillasse de turquit et son matelas de paillette, Lebrac s’étendit las instantanément
véllie (nf) : clématite (ou véliere)
Camus fera des cigares de « véllie ».
vie (nf) : voie, rue, chemin
vous viendrez tous nous retrouver au bout de la vie à Donzé, près de la croix du Jubilé
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