Dis, BFC : c’est quoi, d’après toi, la Bourgogne ?
A grands renforts d’approximations historiques et/ou sémantiques, on nous explique que la fusion BFC est légitime puisque, après tout, la Franche-Comté actuelle est issue de l’ancienne Comté de Bourgogne. Comme quoi, on peut dire beaucoup de mensonges à partir de quelques vérités…
Si, aujourd’hui, le mot Bourgogne désigne, en France, une région plus ou moins bien circonscrite (au moins administrativement, jusqu’en 2015), ce terme correspond, au fil de l’Histoire et même du point de vue politique où l’on se place, des réalités bien différentes. Quatre cartes pour comprendre la complexité d’un mot.
Nos ancêtres les Burgondes ?
Au départ, la Bourgogne, c’est la terre des Burgondes. Il faut en revenir aux « invasions barbares ». Au Vème siècle, l’Empire Romain d’Occident s’effondre. Des peuples germaniques, dont nos Burgondes, s’emparent de terres en Occident. En 476, un premier territoire devient le nouveau royaume burgonde.
Ce nouveau royaume s’étend des Vosges jusqu’au Narbonnais, de Nevers à Embrun, en passant par la capitale des Helvètes. Loin d’être peuplé de Burgondes, il est dirigé par eux. Lyon et Genève font partie de la Burgondie. Petit à petit, les rois Francs prennent le dessus sur les rois Burgondes. L’heure des Mérovingiens a sonné. Gontran, fils de Clothaire 1er, reçoit à la mort de celui-ci le Royaume de Bourgogne et en fait le centre de ce qu’on appelle le Royaume d’Orléans. Puis c’est au tour des Carolingiens de régner sur la Bourgogne. Ou plutôt sur LES Bourgognes que Charles Martel va diviser en quatre commandements : Bourgogne d’Arles, de Vienne, alémanique et franque.
Mais c’est à la fin de la dynastie carolingienne que les choses se compliquent réellement. Quatre nouvelles Bourgognes apparaissent aux XIème et XIIème siècles. Le Duché (peu ou prou l’actuelle Bourgogne), la Comté (à peu près l’actuelle Franche-Comté), les Bourgognes Transjurane (dans l’actuelle Suisse) et Cisjurane (associée à la Provence, comprenant Lyon). En 1032, trois de ces quatre entités (pas le Duché) sont attachées à l’Empire Romain-Germanique.
La Grande Bourgogne des Capétiens
En 1004, le fils de Hugues Capet, Robert le Pieux, devient Duc, et installe jusqu’en 1361 la dynastie capétienne à la tête du Duché, à l’ouest de la Saône. Qui va ensuite revenir sous le giron français en 1363 via la Seconde Maison de Bourgogne (Valois) par Philippe II le Hardi. Or ce dernier est aussi Comte consort palatin de Franche-Comté, car époux de Marguerite de Male (dite Marguerite de Dampierre). Il est aussi comte consort de Nevers, de Flandre et de Rethel.
Après moult péripéties, sa dynastie, vassale à la fois du Roi de France et de l’Empereur Romain-Germanique, trouve son apogée avec Charles le Téméraire (1433-1477), Duc et Comte, « grand-duc d’Occident » dont le territoire s’étend jusqu’à… Amsterdam. C’est l’Etat Bourguignon (dont Les Rois Maudits nous ont raconté la naissance). On notera au passage que Duché et Comté ont, à l’époque, chacun leur Parlement.
A la mort du Téméraire, Louis XI tente de récupérer la mise. Il obtient de droit le Duché, mais, Maximilien d’Autriche, marié à la fille de Charles, lui conteste les territoires impériaux. Après une guerre qui laissera quelques traces en Franche-Comté, il échoue et laisse la Comté aux Habsbourg. Le plus célèbre d’entre eux, Charles Quint, règnera désormais sur le Cercle de Bourgogne, soit la Franche-Comté et les Pays-Bas bourguignons.
La Grande Bourgogne ?
Après ce sommaire rappel historique (dont le but n’était que de montrer la complexité du nom Bourgogne), difficile de dire donc, que la fusion BFC va de soi. Car alors, l’explication historique devrait conduire à une grande région s’étendant d’Avignon à Faucogney, ou de Lons-le-Saunier à Amsterdam… Selon le point et surtout l’époque auxquels on fait appel, toutes les fusions ou presque sont justifiables.
Reste une Franche-Comté qui, quoi qu’il en soit, a défendu une certaine autonomie durant mille ans.