Montbéliard, petite principauté bien à part
Au sein de la Franche-Comté, la ville de Montbéliard – et ses immédiats alentours – est de ces terres qui ont une histoire toute particulière. D’abord Comté, puis Principauté indépendante, elle partagera tout de même avec le Comté de Bourgogne une grande part d’un destin commun.
Pour la Principauté de Montbéliard, tout commence (et tout finit) avec l’Histoire de la Franche-Comté. C’est en effet Renaud de Bourgogne, fils de Hugues de Chalon (Comte de Bourgogne) et frère d’Othon IV (Comte de Bourgogne et inventeur du blason franc-comtois) qui, en mai 1283, accorda à la ville et au Comté du même nom une charte d’affranchissement et instaura une administration qui perdurera jusqu’à la Révolution Française.
C’est de cet événement que Montbéliard a tiré, pendant près de cinq siècles, son indépendance. Et qui en fait une ville et une région à part dans le grand ensemble franc-comtois.
Le Moyen-Age de Montbéliard
On trouve une première trace écrite de la cité, Montem Billiardae, dès le Xème siècle, peu de temps avant la construction du château (XIème siècle). Plusieurs grandes familles (Mousson, Montfaucon…) se succèdent alors à la tête du Comté. Qui tombe finalement, par mariage, dans les mains des Comtes de Bourgogne, les Chalon (Maison d’Ivrée), quand Guillemette de Neufchâtel épouse Renaud de Bourgogne.
A la mort de celui-ci (enterré en l’Abbaye de Baume-les-Messieurs en 1321), le Comté retourne aux Montfaucon. Le second tournant de l’histoire médiévale de Montbéliard interviendra en 1407 quand la comtesse en titre épousa Eberhard IV, comte de Wurtemberg. Dès lors, le Comte de Montbéliard sera le Comte de Wurtemberg, ou son cadet.
La Principauté et le Protestantisme
Désormais, on parle plus fréquemment de Principauté de Montbéliard que de Comté. Le Moyen-Age s’achève et la Réforme protestante tente de s’implanter un peu partout en Europe. Province autonome, voire indépendante, Montbéliard et ses dépendances, les fameuses « Quatre Terres » (Blamont, Châtelot, Clémont et Héricourt) se distingue du reste de l’actuelle Franche-Comté, farouchement catholique, en se rangeant progressivement du côté de la Réforme, non sans conflits entre Luthériens et Calvinistes. En 1555, la paix d’Augsbourg installe définitivement le luthérianisme.
Durant le début de l’ère moderne, les Wurtemberg et l’administration montbéliardaise développe la Cité et ses alentours : le temple Saint-Martin est érigé à partir de 1601, sous l’égide de l’architecte Schickhardt, la Neuve-Ville se développe, on construit l’hôtel des gentilshommes, une bibliothèque, une académie, un collège, une imprimerie, une papeterie et un jardin botanique. Tandis que, hors les murs, on développe les forges de Chagey et d’Audincourt, les Salines de Saulnot.
Malgré de nombreuses vicissitudes (peste, guerres…), l’indépendance de Montbéliard se confirme, malgré les prétentions comtoises sur les Quatre Terres. Mais ce que comprendront trop tard les Ducs de Wurtemberg, c’est que le destin de la Principauté et son indépendance sont intimement liés à l’autonomie franc-comtoise.
Montbéliard et la Franche-Comté
En 1676, soit deux ans après la chute du Comté de Bourgogne et deux ans avant son annexion au Royaume de France, la Principauté de Montbéliard est occupée par les troupes de Louis XIV.. Le 31 août 1680, le Parlement de Besançon enjoint le comte Georges de Wurtemberg de prêter allégeance au Roi de France, en son titre de Comte de Bourgogne.
En 1699 et 1700, le Roi de France annexe les Quatre Terres et tente d’imposer le catholicisme à la Cité. Après une lente et irrégulière décrépitude, c’est la Révolution Française qui aura raison de l’indépendance montbéliardaise. En 1793, Bernard de Saintes s’empare de la ville au nom de la République. Montbéliard est incorporé au département de la Haute-Saône.
Puis ce sera le département du Mont-Terrible (Porrentruy. Puis l’Alsace, puis de nouveau la Franche-Comté (Doubs), Jappy, Peugeot, le FCSM… mais ceci est une autre histoire.
crédits photos : Noebu, Thomas Bresson, Arnaud 25
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