Les romans historiques et les auteurs de Franche-Comté
Cela semble une tradition littéraire bien établie. Depuis (au moins) le 19ème siècle, les auteurs, autrices et autres romanciers de Franche-Comté semblent s’intéresser particulièrement à l’Histoire. Et, singulièrement, à l’Histoire comtoise. Cette tradition perdure d’ailleurs de nos jours, à en croire les programmation des salons du livre en Franche-Comté, où chacun trouvera facilement les romans historiques qui l’intéressent.
illustration de couverture : les colonnes du ciel (série TV), Gabriel Axel, 1985
La querelle de Montépin et Jousserandot
S’il est bien une époque tragique dans l’Histoire de la Franche-Comté, c’est celle de la Guerre de Dix Ans (1634-1644). Cette tragédie en plusieurs épisodes a inspiré de nombreux romanciers. Et ce, dès le 19ème siècle. En premier lieu, c’est Xavier de Montépin qui signe en 1861 Le médecin des pauvres, racontant les aventures d’un docteur altruiste et de son frère, un certain Lacuzon.
En premier lieu ? Pas vraiment. En réalité, le livre n’est rien d’autre qu’un plagiat éhonté de Louis-Étienne Jousserandot, un auteur lédonien qui signa en 1844 Le diamant de la Vouivre. Tous les deux s’affrontent en justice. Et Montépin, célèbre auteur de romans-feuilletons et proche du pouvoir, s’en tire à bon compte. Les deux romanciers sont renvoyés dos à dos par le tribunal.
Les romans historiques de Clavel et Besson
Beaucoup plus amicales furent les relations entre Bernard Clavel, prix Goncourt 1968 et son compère André Besson. Le second, natif de Dole, puise régulièrement dans l’histoire franc-comtoise pour trouver l’inspiration et la trame de ses œuvres. On citera notamment, entre autres merveilles, La dame du Val d’Amour, prix Pergaud 1959, qui prend place également dans la Guerre de Dix Ans.
Cette fameuse tragédie comtoise, qui va devenir le théâtre de la grande saga comtoise de Clavel : Les colonnes du ciel (1976-1981). Œuvre majeure constituée de cinq romans historiques aussi palpitants les uns que les autres, les aventures de Mathieu Guyon, Bisontin la Vertu et Marie Bon-Pain ne sont qu’une des fictions pour lesquelles Clavel s’inspira de l’Histoire de la Franche-Comté.
Les auteurs comtois du 21ème siècle et l’Histoire
Au 21ème siècle, les romans historiques comtois vont continuer à s’intéresser au 17ème siècle comtois. En 2009, Marie-Thérèse Boiteux publie ainsi Les renards cuisent au four, qui retrace la vie d’un village en proie, toujours, aux ravages de la Guerre de Dix Ans. C’est quelques années plus tard, en 1668 et 1674, que Vincent Bousrez (un ami qui participe à la rédaction de Franchement Comtois) campe les héros de ses deux romans historiques, Les loups des bois (2020-2023).
En revanche, c’est au Moyen-Age, au 13ème siècle, que Lou Malaval situe sa saga Le dernier burgonde. Entre fiction et recherches historiques approfondies, l’autrice bisontine mêle ses personnages, réels et imaginaires, à la prophétie d’Hersende, une étrange prêtresse.
Des romans historiques plus contemporains
D’autres auteurs comtois vont situer leurs romans historiques dans des temps plus contemporains. Ainsi de Roger Faindt, qui s’est fait une spécialité de recueillir la parole des témoins avant de se lancer dans l’écriture. On citera, notamment, Le silence des roses, un été 1944, véritable chef-d’œuvre du « roman de maquis ».
Mais il n’y a pas que la guerre, dans l’Histoire. Il y a cette Histoire des gens ordinaires, qui vivent des époques ordinaires. Et qui ont à raconter des histoires extraordinaires de saveurs et de parfums d’antan. Guy-Louis Anguenot se définit lui-même comme un écrivain du terroir comtois. Il faut lire L’armoire comtoise pour comprendre toute la poésie du parler comtois.