Découvrir Saint Jean Népomucène à Chemilly
A la confluence du Durgeon et de la Saône, se trouve un charmant petit village comtois du nom de Chemilly. Outre son cadre agréable, son château du XVème et son ermitage du XVIIème, Chemilly compte une curiosité : une statue de Saint Jean Népumucène.
Sur ce pont, une statue. On apprend, grâce à un écriteau, que celle-ci a été érigée en même temps que le pont, en 1753. Elle représente Saint Jean Népomucène, martyr chrétien et protecteur des bateliers, des prêtres et des ponts…
Saint Jean Népomucène
Sans doute l’un des personnages saints les plus vénérés en Europe centrale, Jean de Nepomuk, localité de Bohême, est un prêtre du XIVème siècle. Selon la chronique, il aurait refusé de trahir la confession de la reine Sophie auprès de son époux le roi Wenceslas IV. En fait, il serait opposé au coup de force de celui-ci sur l’abbaye de Kladruby.
Quoi qu’il en soit, le Prince fit arrêter Jean, ordonna qu’on le torture par le feu, et le fit finalement jeter dans l’eau de la rivière Vltava, pieds et poings liés. Selon la légende, quelques jours après le martyr de Jean, une couronne à cinq étoiles apparut dans le ciel là où il avait péri.
Cette exécution sera le point de départ de la révolte des nobles tchèques contre le roi. Son culte, poussé par la contre-réforme (on l’oppose au culte de Jan Hus, réformateur praguois), aboutira à la béatification, puis à la canonisation de Saint Jean de Nepomucène (1721-1729).
La Statue de Chemilly
Il existe, à Prague, sur le pont Charles, une célèbre statue de Jean Népomucène, que les badauds touchent pour se porter chance. A travers l’Europe centrale, de nombreuses représentations existent de Jean.
La statue de Chemilly est la seule, en France, à notre connaissance, à protéger un pont. Ainsi, de nombreux chercheurs et admirateurs de Jean Népomucène à travers le monde connaissent l’existence du petit village de Chemilly.
Etrange donc de retrouver cette statue ici. Plusieurs explications sont possibles. Bien entendu, il s’agit de protéger les ponts, dont Népomucène est le saint-patron. Acte d’affirmation d’un catholicisme farouche (les seigneurs comtois, au XVIIIème siècle, refuse le gallicanisme des rois de France) contre les « hérétiques » français ? Ou, au contraire, rappel de la cruauté des souverains du Saint-Empire ?
Toujours est-il que la statue, et le lieu, valent bien un petit détour…