Le Trésor des Templiers est-il en Franche-Comté ?
Avec le Graal et l’Arche d’Alliance, le Trésor des Templiers constitue sans doute l’un des fantasmes archéologiques les plus puissants d’occident. On parle d’une fortune colossale. Ou d’un secret absolu. Mais saviez-vous que ce fabuleux trésor se trouve quelque part chez nous, en Franche-Comté ?
mise à jour : juillet 2023
Les templiers et leur trésor
Hélas pour le Roi de France, qui convoitait la fortune réputée immense de l’Ordre du Temple, les sommes confisquées dans leurs commanderies apparaissent ridicules. Bien sûr, il s’est débarrassé d’un ennemi politique d’envergure. Bien sûr, il met la main sur d’immenses propriétés foncières. Mais Philippe le Bel, dit la légende, reste déçu : point de trésor mirifique, il faudra se contenter de la réalité.
Mais le mythe de ce trésor, réuni au cours des pillages des possessions musulmanes en Terre-Sainte, va avoir la vie longue. Partout, on parle de sommes colossales et même d’objets fantastiques tels que le Saint-Graal. On raconte des histoires, on émet des hypothèses. On mélange croyances populaires et connaissances historiques pour localiser le fameux magot.
Et l’une de ces histoires, non la moins crédible, pourrait bien situer le mirifique trésor quelque part dans la Comté de Bourgogne, l’actuelle Franche-Comté : une enquête à lire (peut-être?) au second degré.
La piste comtoise du trésor
Et si donc, quelque part sous nos pieds comtois, se trouvait tout ou partie du fabuleux trésor des Templiers ? Qu’il s’agisse d’objets magiques ou de monnaie sonnante et trébuchante, l’important consiste à y croire, même un tout petit peu. Et pour ce faire, quelques indices sérieux viennent étayer l’hypothèse de la piste comtoise du trésor. Car si j’avais été templier, et si j’avais du penser à où mettre mon magot loin des pattes du Roi de France, je l’aurais sans aucun doute planqué hors de son royaume. Et pourquoi pas en Comté de Bourgogne ?
En effet, si, en ce début de XIVème siècle, la Comté s’est rapprochée, sous l’influence d’une alliance entre Othon IV et Philippe le Bel, du Royaume de France, elle relève toujours de la suzeraineté du Saint-Empire Romain Germanique. Bien que rattachée depuis peu au domaine royal, elle abrite une noblesse pour le moins méfiante envers la France des Capétiens.
Jacques de Molay
Il se trouve, d’ailleurs, que le premier d’entre ces Templiers, le Grand Maître de l’Ordre, un certain Jacques de Molay, appartient à la noblesse comtoise. Vous avez forcément déjà entendu parler de lui. Selon la légende, et la saga Les Rois Maudits, il aurait causé quelques désagréments à la famille royale de France… en la maudissant sur 13 générations !
Jacques naît donc à Molay, petit village actuellement situé en Haute-Saône, aux alentours de 1245. Devenu Templier en 1265, il part faire la guerre aux Mamelouks en Terre-Sainte. On n’en sait guère plus. Ce qu’on sait, en revanche, c’est qu’il est élu à la tête de l’Ordre en 1292, grâce au soutien des Templiers bourguignons, du Duché ou de la Comté.
Quand en 1307, Philippe le Bel fait arrêter tous les Templiers, Jacques de Molay fait partie du lot. Sous la torture, il avoue l’hérésie, se rétracte puis avoue à nouveau. Mais jamais, semble t-il, il n’indique l’emplacement où les Templiers auraient dissimulé leur trésor. En mars 1314, il périt sur le bûcher. Non sans avoir lancé, parait-il, sa célèbre malédiction.
Jean et Hughes de Chalon-Arlay, deux templiers comtois
Alors, aurait-il eu le temps, avant son arrestation, de mettre en sécurité le magot templier ? On dit que l’un d’entre eux, Jean de Châlons, soumis lui aussi à la question, aurait avoué que son fils Hughes avait participé à la mise en sûreté du trésor. Au XVIIIème siècle, alors qu’on se passionne pour cette histoire, on raconte même que les Templiers connaissaient l’existence d’un continent de l’autre côté de l’océan et que c’est là qu’ils auraient planqué leurs richesses.
Mais quand on sait que Jean et Hughes sont issus de l’une des plus puissantes familles comtoises, les Châlons-Arlay, on se dit qu’ils auraient été bien inspirés de l’expédier hors des terres du Roi de France, soit dans l’actuelle Franche-Comté. Ce qui, soit dit en passant, serait une sorte de retour aux sources, puisque Calixte II, le Pape comtois (lire encadré) , a largement contribué, en son temps, à la création de l’Ordre. Les indices, je le disais, convergent bien vers notre belle région.
Et la réalité ?
Alors, envie de vous lancer sur les routes comtoises en quête du trésor ? Restons calmes. Car le trésor des Templiers est en fait, on en est (presque) sûr, une légende. Parce qu’il a été largement et effectivement confisqué par Philippe le Bel, parce que chaque huche (la trésorerie locale) de chaque commanderie contenait sans doute finalement une somme relativement modique, parce que, surtout, l’essentiel de la richesse de l’Ordre était sans doute avant tout foncière.
Et que, de toute façon, même en imaginant que la légende du trésor repose sur du concret, il y a fort à parier qu’il ait été disséminé au fil des siècles. Sans compter que rien ne prouve qu’il soit finalement arrivé en Franche-Comté. Mais on a le droit de rêver. Surtout si ça permet de partir à la découverte du pays comtois médiéval…
illustration de couverture:
Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher, Maître de Virgile, vers 1380 © British Library
Bonne synthèse,merci pour ce retour dans le temps.
N.N.D.N.N.S.N.T.D.G. +++